Phèdre - Acte V - Scène 5

THÉSÉE, PANOPE.

PANOPE.

J’ignore le projet que la reine médite,
Seigneur ; mais je crains tout du transport qui l’agite.
Un mortel désespoir sur son visage est peint ;
La pâleur de la mort est déjà sur son teint.
Déjà de sa présence avec honte chassée,
Dans la profonde mer Œnone s’est lancée.
On ne sait point d’où part ce dessein furieux ;
Et les flots pour jamais l’ont ravie à nos yeux.

THÉSÉE.

Qu’entends-je ?

PANOPE.

Son trépas n’a point calmé la reine ;
Le trouble semble croître en son âme incertaine.
Quelquefois, pour flatter ses secrètes douleurs,
Elle prend ses enfants et les baigne de pleurs ;
Et soudain, renonçant à l’amour maternelle,
Sa main avec horreur les repousse loin d’elle ;
Elle porte au hasard ses pas irrésolus ;
Son œil tout égaré ne nous reconnaît plus ;
Elle a trois fois écrit ; et changeant de pensée,
Trois fois elle a rompu sa lettre commencée.
Daignez la voir, seigneur ; daignez la secourir.

THÉSÉE.

Ô ciel ! Œnone est morte, et Phèdre veut mourir !
Qu’on rappelle mon fils, qu’il vienne se défendre ;
Qu’il vienne me parler, je suis prêt de l’entendre.
(seul.)
Ne précipite point tes funestes bienfaits,
Neptune ; j’aime mieux n’être exaucé jamais.
J’ai peut-être trop cru des témoins peu fidèles,
Et j’ai trop tôt vers toi levé mes mains cruelles.
Ah ! de quel désespoir mes vœux seraient suivis !

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